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Découverte monumentale de l’histoire romaine de Reims

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À Reims, une équipe d’archéologues de l’Inrap a mis au jour un site monumental datant des IIe et IIIe siècles dans le quartier Sernam/Boulingrin, situé à seulement une centaine de mètres de la Porte de Mars, le plus grand arc conservé du monde romain. Le caractère monumental des vestiges découverts suscite un grand intérêt archéologique.

La première occupation principale du site remonte au Ier siècle. Les archéologues étudient actuellement un habitat constitué de murs en carreaux de terre crue, témoignant d’une habitation relativement aisée. Des fragments d’enduits peints représentant des grappes de raisin ont également été découverts. L’habitation est ensuite abandonnée et détruite pour laisser place à la construction d’un ensemble plus monumental.

Le site, daté des IIe et IIIe siècles, se compose de deux grandes galeries à portique de 20 mètres de côté formant un « U », entourant deux grands massifs maçonnés rectangulaires situés dans un espace ouvert, probablement un jardin. L’un de ces massifs est équipé de deux canalisations d’eau sous pression, laissant supposer qu’il s’agit d’un bassin ou d’une fontaine.

Plus de vingt pièces sont organisées autour de ces deux galeries, dont des pièces de vie et de vastes couloirs. Neuf de ces pièces correspondent probablement à un espace thermal de bains antiques, avec cinq d’entre elles équipées d’un système de chauffage par le sol (hypocauste).

Les archéologues de l’Inrap, de l’équipe de Yoann Rabasté, ont également découvert des enduits peints richement décorés de motifs floraux, avec des pigments rares comme un bleu proche du « bleu égyptien ». Cette découverte témoigne d’un ensemble très aisé. Les vestiges pourraient correspondre soit à la domus (maison) d’une personnalité extrêmement aisée, soit à un ensemble thermal, peut-être public, en raison de sa monumentalité.

Situé à l’intérieur de l’enceinte de la ville du Haut-Empire (IIIe siècle) et à proximité immédiate de la porte antique de Mars, cet ensemble se trouve à un emplacement très privilégié. Plus au nord, de grandes domus ont été découvertes lors de fouilles archéologiques précédentes.

« Reims est la ville de France qui a le plus de fouilles archéologiques. Durant la Première Guerre, la ville a été en partie démolie. Quelque part, c’est une chance car on peut se permettre de raser des bâtiments qui n’ont pas de valeur architecturale», précise Yoann Rabasté, responsable scientifique de cette mission.

Vers la fin du IIIe ou début du IVe siècle, le quartier est abandonné et détruit, puis les matériaux de construction sont récupérés intensivement. Ce démantèlement pourrait être lié à la construction de l’enceinte tardive de Reims, édifiée à partir du début du IVe siècle. Les archéologues ont également trouvé de nombreuses couches de terres qui scellent les vestiges antiques, témoignant d’une remise en culture du lieu. Ce secteur de la ville sera à nouveau occupé à partir de la fin du XVIIIe siècle, notamment avec la construction du cimetière nord de Reims en 1796.

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